Commentaire
Depuis plus d’un siècle, l’anthropologie culturelle et l’histoire des religions montrent que le fait religieux joue un rôle dans la construction des sociétés humaines et dans la représentation qu’elles se font de leur environnement.
Où en sommes-nous de l’idée d’un “paysage sacré” ? À quoi renvoie la notion de hauts lieux ? Qu'est-ce qui se joue dans la sanctuarisation de certains sites et “monuments naturels” ? Pourquoi ne pas concevoir le paysage comme un cadre d'affranchissement culturel des sociétés vis-à-vis du religieux, voire comme l’expression d’une nature désenchantée, livrée à l’exploitation humaine ? Ne pourrait-on déceler aussi, dans l’émergence de certaines pratiques sociales - par exemple liées au funéraire -, une immanence paysagère en laquelle la sacralité trouverait de nouvelles formes d’incarnation, loin des modèles confessionnels en vigueur ? La dialectique ouverte entre le paysage et le sacré emprunte de multiples voies, d’ailleurs peu défrichées.
Dans ce numéro, Les Carnets du paysage questionnent la dimension sacrale du paysage, afin d’éclairer la portée de certaines pratiques, politiques et démarches de projet qui en font leur argument.