Commentaire
Le primitivisme, ce courant artistique à l'origine du cubisme et des recherches plastiques contemporaines, a encore peu touché le domaine de la danse.
La démarche qui a conduit Gauguin, Picasso, Brancusi, Matisse, les Fauves, Modigliani, Henry Moore et tant d'autres à reconnaître leurs préoccupations dans les œuvres des sociétés tribales dites "primitives" irait-elle à l'encontre d'une certaine idéologie du sujet encore solidement ancrée dans la danse occidentale ? Pour répondre à la question, l'auteur analyse le primitivisme dans la peinture, la sculpture et une danse, l'Expression Primitive.
Cette esthétique où dominent stylisation, force, symétrie, contraste et répétition, nous est devenue familière grâce à la tentative cubiste de dégager, par ces procédés, la vérité de l'objet au-delà de son apparence. En effet le primitivisme s'inscrit dans la recherche du 20ème siècle en quête d'un nouvel humanisme prenant en compte la face cachée, l'Autre, l'invisible qui nous structure à notre insu. Sa démarche, nourrie par la réflexion anthropologique et la psychanalyse choisit de mettre en résonance l'étrange-en-soi (l'inconscient) et l'étranger-hors-de-soi (l'exotique), deux univers où s'est préservé chez l'adulte quelque chose de l'enfant, sa relation ludique et rythmique au monde.
En éveillant corporellement ce pôle pulsionnel inconscient et ryth-mique que les Grecs nommaient Dionysos, le primitivisme en danse permet de renouer avec ses origines, s'enraciner dans ses sources vitales et, par cette authenticité retrouvée, se reconstruire selon une véritable réorganisation psychothérapeutique.