Commentaire
À la veille de la Première Guerre mondiale, le milieu musical français -depuis les sociétés de concerts jusqu’au très convoité concours du prix de Rome - semble entrouvrir sa porte aux compositrices. Si cette parenthèse enchantée se referme avec les premiers coups de canon, la période aura néanmoins permis de faire émerger des figures de créatrices, telles que Mélanie Domange, née Bonis (1858-1937). Pianiste autodidacte, elle fait partie des rares femmes à avoir fréquenté, au cours des années 1880, les classes d’écriture du Conservatoire, dont celle de César Franck. Dès cette période, elle associe le diminutif de son prénom et son nom de jeune fille pour signer ses partitions, laissant ainsi planer un doute sur le genre de leur auteure. Un mariage bourgeois et la maternité l’écartent pendant quinze ans des scènes publiques : l’éclosion de la musicienne n’advient qu’à l’extrême fin du XIXe siècle. Défendant alors elle-même ses œuvres au salon ou au concert, Mel Bonis livre une production riche et variée, touchant à tous les domaines (à l’exception du théâtre lyrique). Elle s’y montre proche de la sensibilité de Gabriel Fauré et en dialogue avec les figures de proue de l’avant-garde musicale (notamment Debussy, Ravel et d’Indy). Marquée par l’esprit de la Belle Époque, elle trouvera difficilement sa place dans le nouveau paysage esthétique des Années folles. Ce livre collectif, qui participe au débat sur la place des femmes dans l’histoire de la musique, s’adresse à ceux qui souhaitent découvrir cette figure singulière, approfondir leur connaissance de sa production ou encore comprendre le cheminement de ses œuvres vers la lumière.