Commentaire
Boris Vian n'aura jamais fini de nous étonner, (ce qui est une raison supplémentaire de ne jamais désespérer). Et de même que ses romans sont d'une actualité de plus en plus troublante, de même ses chroniques — où le jazz est souvent prétexte aux luttes passionnées d'un homme libre — par leur vivacité, leur ironie et leur amour, ont une jeunesse miraculeusement préservée. Réunies en volume, elles ont même un « punch » supplémentaire : c'est qu'on ne lutte jamais assez contre la bêtise, l'ignorance, la méchanceté, et que le bon Vian est un pour-fendeur infatigable, un polémiste irrésistible, un attaquant sagace et généreux.
Qu'il parle de l'American Way of Life, du jazz vivant, « d'un certain » Hugues Panassié, ou de la presse en folie, c'est toujours avec une fougue, en même temps qu'une paisible fidélité à lui-même et à ses principes, un sens inné du trait qui porte, de l'exemple qui fait mouche.
Ceux qui connaissent ces chroniques ne manqueront pas d'être attendris, mais toujours étonnés ; quant aux autres, ils trouveront là un vin généreux d'une force inaltérée. Et quel plaisir rare que celui de la découverte !