Commentaire
Peu de chorégraphes sont parvenus à s'imposer de manière aussi calme et aussi implacable. Jiri Kylian est presque un cas unique, tant il a su éveiller intérêt et respect partout, chez les tenants du classicisme comme chez ceux de l'avant-garde, chez les incertains également, ceux qui ne savent plus trop qui brûler ni qui adorer.
Il est assez académique pour ne pas choquer les tenants de la tradition, assez moderne pour que chercheurs et iconoclastes ne puissent le renier sans se trahir eux-mêmes, assez "physique" pour ne pas être taxé d'intellectualisme et assez intellectuel pour ne pas être méprisé par la danse qui pense. Il a chorégraphié Haydn et Stravinsky, Mozart et Berio, Janâcek et Kagel, Debussy et Takemitsu, Mahler et Chavez, Dvorak et Webern, le folklore et même le silence.
Il pourrait, malgré tout n'avoir bâti au fil des ans qu'une œuvre monochrome ou trop orientée vers une esthétique unique. Il n'en est rien. Bien au contraire, nous le voyons jongler avec le drame, l'humour, le merveilleux, le sensuel, le mystique, le charme direct et les méandres du subconscient, la violence et la douceur, la poésie la plus fraîche et l'angoisse absolue.