Commentaire
Sous un titre en forme de mot-valise, «Panoramix» - qui évoque à la fois l'extension d'un parcours rétrospectif et le brassage, la compression d'un «mix» -, Maria Ribot, dite La Ribot, présentait en 2003 l'intégralité de ses «Pièces distinguées». Trente- quatre pièces, soit une «méta-performance» en solo de près de trois heures, qui, pour l'artiste madrilène, marque l'aboutissement de dix années de travail.
Au travers de la préparation de cet événement dont il restitue quelques séquences, et de propos de La Ribot sur la nature et les enjeux de son projet, Luc Peter a composé ce portrait... forcément distingué ! d'une artiste qui, en l'occurrence, fait corps avec son œuvre. En effet, nu, donc surexposé, mais paradoxalement protégé du même coup, le corps de La Ribot, combiné à divers accessoires (chaise, bouteille d'eau, bouts de ficelle, de carton..., parfois une musique, un cri, un extrait de texte), est le motif premier, récurrent, des «Piezas distinguidas». Manifestant le goût de leur créatrice pour le fragment et l'accumulation, ces courtes actions scéniques, dont la durée n'excède pas 7', procèdent de la volonté d'investir un territoire où la danse contemporaine et la performance croisent les arts visuels. Démarche critique, qui vise la notion même de représentation, son cadre et ses moyens de production, mais dont la radicalità est constamment servie par l'humour, une douce ironie.