Commentaire
Entre 1870 et 1945, avec l'essor des villes et l'évolution des mœurs, de nouvelles formes de spectacle apparaissent en Occident et, avec elles, de nouvelles visions du corps dansant, multiples et parfois contradictoires. Certains danseurs, captivés par le mo¬dernisme technologique, rêvent d'une hybridation du corps avec la machine. Pour d'autres, l'enjeu est de redécouvrir l'aptitude au mouvement naturel et les pulsions vitales, mises à mal par la vie moderne. D'autres encore puisent une inspiration libératrice dans les danses exotiques ou l'exemple des « peuples primitifs ».
Mais à New York comme à Paris, Berlin ou Moscou, la danse doit aussi répondre de son rôle politique, social et culturel faite à la crise économique et la montée des totalitarismes. Chorégraphes, interprètes et pédagogues, tous ont conscience d'œuvrer à une époque de ruptures et d'avoir à situer leur démarche créative par rapport aux bouleversements et violences de leur temps.
C'est le récit de cette histoire complexe et passionnante que propose cet ouvrage. A partir des acquis les plus récents de la recherche internationale en danse, il situe l'émergence des œuvres — comme des démarches et des théories qui les animent — dans leur contexte culturel et leur environnement social, tout en croisant l'étude des pratiques corporelles avec l'analyse des enjeux, tant esthétiques que politiques, d'un art en mutation.