Commentaire
Pas plus le jazz que le ragtime, le negro spiritual ou le blues ne peuvent se réclamer de quelque référence originelle à l'Afrique. Telle est la thèse à contre-courant développée par René Langel. Tout en contant l'histoire dramatique du peuple noir déporté vers les Amériques, il démonte, engrenage après engrenage, le mythe africain entretenu jusqu'ici par la plus grande partie des exégètes du jazz.
Cueillis ici et là sur les côtes d'Afrique, prisonniers de guerre, insoumis, délinquants, les « Nègres » regroupés appartenaient rarement à une même ethnie : ils ne se comprenaient pas entre eux, ne partageaient ni les mêmes rituels, ni les mêmes musiques, ni les mêmes danses, et se retrouvaient donc isolés, déculturés. La liturgie qui imprégnait la vie des Blancs ne pouvait que déteindre sur ces éperdus d'identité ; ils mirent donc les mots de leur cœur sur les pauvres mélodies de leurs maîtres, créant au fil des siècles un superbe folklore. Ce livre dévoile ainsi dans leur historicité les mécanismes ayant présidé à la naissance du ragtime, du negro spiritual, du gospel, du blues et enfin du jazz.