Commentaire
Véritable histoire du jazz au féminin, ce livre nous conduit du vieux Sud ségrégationniste à l'âge dit « clas¬sique » des chanteuses de blues, en passant par les clubs raffinés de New York, les tournées des grands or¬chestres et les premiers festivals. Les années 1920, la Se¬conde Guerre mondiale, le rhythm' n' blues, l'avènement du rock, le free sont autant d'étapes qui témoignent d'un art des plus vivants aujourd'hui. Livre envoûtant, parfois violent ou triste, souvent drôle, il raconte aussi une part non négligeable de la vie quotidienne de la femme améri¬caine. La chanteuse, propre à jouer toutes sortes de rôles de convention, ne dispose, somme toute, que d'un registre limité : elle est mère ou putain, objet de désir ou de répulsion, malléable ou rebelle, mais toujours « marginale ». Mettant au jour les relations difficiles exis¬tant entre les « jazzwomen » et le show business, cet ou¬vrage passionné démontre, si besoin en était, que la femme s'expose, dans le monde du jazz, à une réalité des plus difficiles : perpétuel objet « rapporté » dans un uni¬vers masculin, noire elle est rejetée par les Blancs, blanche elle n'est guère acceptée par les Noirs : or¬chestre ou public.
Offrant à la fois une chronologie, une analyse stylistique et une galerie de portraits, accompagné d une discogra¬phie sélective tenant compte de l'apparition du compact, ce livre nous fait pénétrer dans l'univers secret de Billie Holiday et de Bessie Smith, de Sarah Vaughan et d'Ella Fitzgerald, de chanteuses moins connues : Anita O'Day, Chris Connor, Helen Merrill, Betty Carter, etc., et d'étoiles montantes, telle Dee Dee Bridgewater.